mercredi 17 juin 2015

Ce régime tortionnaire qui est arrivé en Crimée


Nous allons voir ici un exemple du système tortionnaire russe qui est arrivé en Crimée et qui, comme le disent les occidentaux (et pro), brime les opposants.
De radio free europe (RFE-RL) en passant par tous les médias ukrainiens, on a crié au scandale lorsque le jour anniversaire de la naissance de Taras Chevhenko, on interpella à Simferopol l'organisateur de la manifestation en l'honneur du poète avec deux de ses acolytes, ainsi qu'un autre personnage, un ancien cadre du mejlis.
L'organisateur, Leonid Kouzmine, s'est vu octroyer une peine qui rappelle le goulag stalinien, d'une barbarie et d'une inhumanité sans pareille dans le monde entier. Pas même en Corée du nord où on condamne à mort pour s'être endormi lors d'une cérémonie un cadre du parti et même au canon anti-aérien. A non finalement oups nos merdias...
Cette peine incroyable, disais-je, qui est ensuite passée en appel, car de par sa grande sévérité, elle fut immédiatement contestée, cette énorme peine, il va falloir savoir si elle est justifiée ou non.
Voilà les faits. Leonid fait une demande de manifestation pour le jour anniversaire de la naissance du poète ukrainien Taras Chevchenko. Pour mémoire, l'an dernier dans le Donbass, région russophone, ce jour là s'est passé comme ceci à Lougansk :

Plus de détails de la journée dans cet article ici.

Bref pour la manifestation, les autorités de Crimée refusent le lieu (devant la statue Chevchenko à Simferopol) en disant qu'il est déjà occupé et lui donne la permission dans le parc Gagarine au monument des trois Grâces. Au moment de la manifestation, où l'on devait lire des poèmes de Chevchenko, on tient un drapeau ukrainien avec écrit dessus « La Crimée- c'est l'Ukraine ». On a aussi scandé ce refrain bandériste "gloire à l'Ukraine- gloire aux héros" nous apprend korrespondant.
Ceci ne faisant pas partie de la manifestation prévue et compte tenu de la situation actuelle où, d'une part la quasi totalité de la population en Crimée a voté pour le rattachement à la Russie et d'autre part des gens meurent dans le Donbass sous les bombes de Kiev, les autorités de Crimée ont considéré qu'il y avait non respect des règles de la manifestation.
A savoir qu'en France une « déclaration incomplète ou inexacte de nature à tromper sur l'objet ou les conditions de la manifestation projetée » tombe sous le coup de l'article 431-9 et l'organisation encourt une peine de 6 mois d'emprisonnement et de 7500€ d'amende !
Ici pour comparer, les autorités de Crimée ont donc respectivement donné comme peine le supplice stalinien, la condamnation maximale pour ce genre de délit, à savoir 40 heures de travaux d'intérêt général à l'organisation et 20 heures à la personne qui tenait le drapeau. Quel État totalitaire ! Que n'avait-il brisé les règles d'une manifestation en France ! D'ailleurs suite à l'appel qu'il a fait, à la place des 40 heures de travaux d'intérêt général, peine maximale pour les charges retenuesil écope de 10000 roubles d'amendes (< 200€) soit un petit salaire mensuel, loin des 7500 € et de la prison ferme, condamnation maximale pour ce délit en France. Et je ne parle même pas du cas de délit d'opinion qui vient d'être jugé dans notre pays où pour la phrase, qu'elle que soit sa valeur, "il n'y a pas de celtes noirs" un blogueur vient de se voir condamné à 6 mois ferme.

Les avertissements au totalitarisme russe ne sont donc que des cris d'orfraie, d'ordre purement fallacieux et politisé quand on compare à la législation française bien plus sévère dans ce cas ! Il est évident qu'avec ces mots sur le drapeau, qu'avec ces slogans, la manifestation ne devient plus culturelle mais politique. On peut également penser que les autorités ont voulu éloigné la manifestation du monument Chevchenko pour prévenir les heurts possibles sachant que l'Ukraine actuelle n'a pas bonne presse dans la péninsule et que nombre de réfugiés du Donbass se trouvent également en Crimée.

Pour plus de détails :

Suite à son interpellation, l'organisateur, Leonid Kouzmine a fait les titres de la presse anti-russe, qui l'a présenté comme la victime du méchant gouvernement anti-démocratique qui sévit dorénavant en Crimée (heureusement qu'en Ukraine, la démocratie est arrivée). Devenu une célébrité, il a malheureusement été reconnu dans la rue et s'est fait attaqué en avril par des gens l'accusant d'être un bandériste. Heureusement rien de grave pour lui. Il a depuis créé le centre de culture ukrainienne en Crimée et à cette occasion, il s'est fait interviewer par la cia, plus exactement par radio free europe/radio liberty, mais vous savez que c'est la même chose.

Il explique plein de belles choses, se justifie et déclare surtout qu'il n'a jamais été partisan, il a juste commencé à militer après que des violences ont eu lieu à l'euromaidan. Ainsi il a voulu rejoindre euromaidan Simferopol. On y apprend aussi que dans les manifestations de euromaidan Simferopol, il y avait au mieux autour de 100 personnes (pour une ville de plus de 300000 personnes, on sent l'élan populaire) et cela, malgré une tentative de construction logistique dont on trouve encore le questionnaire sur internet. On y recherche des volontaires pour la Crimée notamment des médecins, des avocats et des personnes capables d'héberger des maidanistes (tiens tiens).
Du coup suite à cette interview, nous sommes obligé d'aller voir si oui ou non, il dit vrai, si oui ou non il n'a jamais été partisan et que ce sont les violence sur la place qui l'ont incité à se mobiliser. Sachant qu'il a perdu son poste de professeur d'histoire dans une école de Simferopol, poste qu'on a trouvé inadéquate avec ses opinions politiques, nous devons aller voir si c'était justifié ou non.

En 2013 sur les réseaux sociaux, soit bien avant euromaidan, il s'exprime clairement. Il dit que l'Ukraine ne peut pas rester le cul entre deux chaises, qu'il faut faire un choix, soit à l'est soit à l'ouest... il ne fait aucun mystère que pour lui c'est à l'ouest.
Il appelle en mars 2013 soit toujours bien avant euromaidan à enlever les statues de Lénine, qu'il compare à Hitler, de toute l'Ukraine. En tant que professeur d'histoire, être européiste et dire que Lénine a détruit l’État Ukrainien, est un grossier mensonge. (Quid du traité de Versailles où les occidentaux ont refusé la création d'un État ukrainien, où une délégation d'un pseudo gouvernement en exil de l'Ukraine était présente, mais reconnue sans légitimité ni soutien populaire par les occidentaux. De plus, la création de la RSS d'Ukraine, bah c'est Lénine merci pour lui, donc au lieu d'en être le destructeur, il en est simplement le créateur).

Le 23 novembre 2013, jour d'annonce du refus de signer l'accord d'association avec l'UE, sur les réseaux sociaux, Leonid partage : "notre choix est l'Ukraine européenne" illustré par le symbole interdit sur les symboles communistes ! On en revient à ce que l'on a vu souvent chez les pro-occidentaux, ils se battent contre l'union soviétique. Et comme tous ceux-la en viennent à faire alliance avec tous ceux qui se battent encore contre l'URSS, on aperçoit rapidement des ultra-nationalistes autour.

On commence doucement en décembre 2013 avec des petites vidéos (il est ici à 1m20) pour euromaidan Simferopol qui finissent avec les slogans bandéristes désormais bien connus:


Puis en économiste hors pair, il partage l'analyse économique de Nemtsov le 18 décembre 2013. Évidemment 15 milliards sans contrepartie et une ristourne sur le prix du gaz c'est de la torture. Mieux vaut un plan du FMI payé au compte goutte et avec d'énormes mesures d'austérité dont une grosse augmentation du prix du gaz pour les particuliers. Multiplié par trois, selon un économiste de Berckeley, pour atlantic council, qui trouve en plus que c'est une bonne chose car ça l'a rapproché du prix du marché, mais multiplié par 5.5 selon les photos de ces factures de gaz de Kharkov. Finalement il n'est pas d'accord non plus avec les Ukrainiens puisque ces derniers manifestent contre l'austérité à Kiev. Alors qui représente-t-il? Il est toujours triste de voir comment l'idéologie peut étouffer le pragmatisme. Et de s'étonner que si l'Ukraine signait l'accord avec l'UE, ces conditions seraient caduques. On oublie évidemment l'essentiel, à ce moment l'UE refuse des négociations tripartites: (ici ou ici).
Kouzmine appelle, suite au putsch de Kiev, à ne pas participer au référendum de Crimée par spot, (à 1m00) où il dit que la Crimée ne veut pas de la Russie. Une fois de plus, les résultats le discréditent.



Il avait aussi trouvé la solution pour faire pression sur la Russie pour garder la Crimée en Ukraine: il suffisait, nous dit-il le 11 mars 2014 que l'Ukraine coupe la fourniture en eau et électricité à la Crimée (ce qu'elle a partiellement fait - voir plus bas). Il est sympa avec les Criméens, non ?

Euromaidan Simferopol, Kouzmine avec Marina Nesterenko juste à sa gauche
Marina et Oleg
Marina et  Igor

Dans les manifestations organisées pour euromaidan Simferopol, on voit entre autre une personne. C'est Marina Nesterenko. Égérie et grande fan de Svoboda, et proche de certains de ces cadres. Au fait Svoboda vous vous souvenez qui c'est ? Le type n'a donc rien contre faire des alliances avec de néo-nazis assumés ! Marina se trouve notamment en photo avec Oleg Tiagnibog ou Igor Mirochnitchenko qu'on a vu tabasser le directeur de la chaine tv Inter pour qu'il démissionne ..

Notre héros crée par la suite le centre de culture ukrainienne et pour commémorer la victoire de 1945, il partage le 30 avril, les deux clips de Timchuk censés rabibocher les deux Ukraine. Évidemment au lieu de pardon et de réconciliation, en lieu et place d'un élément fédérateur, le clip réhabilite des génocideurs en héros nationaux et les victimes doivent les reconnaître comme tels. Dans le clip, l'UPA n'a pas collaboré avec le nazisme et n'a pas commis de génocide ni de crime de guerre, c'est cela la nouvelle histoire ukrainienne et cela pour tout le monde. Et si vous n'y adhérez pas, vous n'êtes pas ukrainiens ! C'est en réalité cette même rigidité qui fait éclater l'Ukraine, puisque c'est un pays à histoire multiple mais comment un idéologue pourrait avoir l'esprit pragmatique et rationnel. Il a tout simplement un prisme qu'on lui a appliqué et au travers duquel il se doit d'expliquer le monde autour de lui..
On est complètement dans la propagande de la diaspora ukrainienne, on oublie les luttent contre l'avancée du front soviétique sans quoi de nombreuses pertes auraient pu être évitée, les négociations jamais interrompues avec les nazis, et on les fait passer pour des ennemis des nazis. Puis on oublie ceux qui se sont enfuis pour se constituer prisonnier aux occidentaux, enfuis devant les soviétiques, et qui veulent s'approprier la victoire comme si la Russie donnait honte à l'Ukraine d'être, et comme si le bandéristan était représentatif de l'ensemble de l'Ukraine. Il y a une tentative d'assimilation de l'Histoire, de blanchiment de la banderattitude, de géocentrisation inventée par une diaspora vivant en Amérique du nord.
On voit la même géocentrisation pour la grande famine qui pour les Khazaks, Caucasiens et Russes, ils étaient des "morts de la famine" alors que pour les Ukrainiens c'était des "meurtres par la faim" !
Ainsi en tant que professeur d'histoire, des documents comme ceux là devraient légèrement intéresser le monsieur, dans le cas contraire il est normal de s'interroger sur la pertinence de sa profession, voire même sur sa capacité à suivre les programmes actuels.

Récemment Leonid vint à Kiev pour une réunion sur la Crimée, réunion qui s'est tenue .... en russe ! Pour des "la Crimée c'est l'Ukraine", c'est tout de même évocateur de tenir cette réunion en russe.
L'assistance prouve d'ailleurs bien combien la question intéresse les kievites tant la salle est comble:

Leonid leur dit qu'ils ne peuvent rien faire, qu'ils n'ont pas les manettes pour influer sur la situation mais que les Ukrainiens de Crimée ont besoin de leur aide ... on croit comprendre entre les lignes qu'il est venu chercher des fonds... On entend aussi l'ancien député du peuple Andrei Centchenko faire des révélations intéressantes:
"On ne va pas commencer par écrire une dissertation et un programme stratégique pour la réintégration de la Crimée. Il y a visiblement déjà des actions qu'il faut entreprendre.
Je veux dire franchement que j'ai usé de ma position officielle pour ne pas fournir d'eau à la Crimée. Et je pense que j 'ai bien fait. Qui va dire dans la salle qu'il faut fournir de l'eau aux occupants ?"
Une voix dans la salle de répondre: "Il faut aussi couper la lumière !"
Andrey C.: "Vous voyez !"
Rappelons que cette idée c'est exactement ce que préconisait Leonid avant le référendum.

Autre question: pourquoi quand on fait un étude sociologique et qu'on pense que le résultat ne plaira pas aux autorités ukrainiennes, on se réfugie en Crimée ? C'est ce qui est arrivé à Evguéni Kopatko. C'est dire où se trouve l’État de non-droit.


Ainsi plusieurs choses devraient sauter aux yeux à la lumière de ces faits. On voit que les soit-disant amis ukrainiens de la Crimée, ceux qui veulent la libérer de l'occupant, n'ont aucun scrupule à vouloir fermer l'approvisionnement en eau à ses habitants, ainsi qu'en électricité. Les Criméens leur en sont reconnaissant assurément et apprécient à leurs justes valeurs ces idées. On voit encore que l'insécurité se trouve du côté de l'Ukraine et non du côté de la Crimée. Et pour finir, on voit aussi que la soit-disant dictature de Poutine possède des lois bien moins sévères et bien plus tolérantes que notre pays des droit de l'homme. Ce montage vidéo montre encore d'autres exemples dans ce sens.

Gigi Houille

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