vendredi 8 mai 2015

Au 70ème anniversaire de la victoire sur le nazisme et à l'amitié franco-russe ...

Nos héros nationaux promus héros de l'union soviétique et qui sont entourés du ruban de Saint George !

Lorsque l'on demandait aux protagonistes ce qu'ils retenaient du "Normandie-Niemen", ils avait tous des anecdotes d'amitié franco-russe. Ils connaissaient les chiffres, les statistiques du NN bien sûr mais c'était toujours des histoires humaines qui étaient mise en avant. Et l'épopée du NN n'en manque pas, d'histoires humaines.  Il y avait tant d'obstacles pour que cette escadrille puis régiment puisse exister que sans l'abnégation de personnages valeureux et sans l'accord et le soutien des soviétiques, c'eut été impossible. Tant de fait marquant qu'on ne pourra que donner quelques exemples. Pour les premiers, viscéralement convaincus de ne pas devoir fléchir devant l'envahisseur, il y a le refus de l'armistice et l'appel du général. Et au fur et à mesure il y a tous les incroyables parcours pour rejoindre les Forces Françaises Libres. Qui abandonne un sanatorium où il se remet d'une tuberculose, refoulé par les autorités françaises il part pour Londres; qui s’échappe acrobatiquement simulant un problème avec son avion  et déclaré mort en service commandé; qui connaitra les geôles franquistes d'où il devra s'enfuir, qui celles pétainistes de Madagascar pour "gaullisme"; qui doit faire le tour du monde pour échapper aux forces vichystes; qui revient après grave blessure; qui veut piloter sans formation de pilote de chasse, qui sans formation du tout, qui ment sur son nombre d'heures de vol pour ne pas être refoulé... Mais tous, tous étaient prêts à se sacrifier, tous empreints d'une et unique volonté: ne pas laisser la France sous occupation.


De Gaulle voulait que la France soit présente sur tous les fronts. Au lendemain de l'attaque allemande à l'est, tous les alliés pensent que s'en est fini de l'URSS et qu'ils n'en ont plus pour longtemps. Cette idée parcours aussi les forces françaises libres, mais c'est le colonel Luguet qui revenant de Moscou, prêche auprès du Général que, bien que la situation semble désespérée sur le front de l'est, les peuples de l'URSS ont le caractère fort et l'esprit de dévotion et ne se laisseront pas faire, qu'ils retourneront la situation. Qui aurait pu le prédire à ce moment ? Alors commencent les négociations avec les Russes à Londres dès le début 42. Cela commence bien mais vite les diplomates soviétiques se tuent dans un accident d'avion. Les anglais, bien qu'officiellement n'ont rien contre le projet d'une escadrille française sur le front de l'est, agissent dans le sens contraire. Ils préfèrent que les pilotes soient affectés dans des escadrilles de la RAF.

Malgré tout cela, l'escadrille arrive fin 42 à Ivanovo. Les Français auront une escadrille 100% française avec l'intendance des russes. Ce n'était pas une "légion de volontaires français", c'était une unité française ! Mais tous les hommes du NN seront des volontaires. Il fut psychologiquement important pour les soviétiques de voir arriver ses Français alors que les Allemands étaient au plus à l'est à l'offensive et que l'occident ne donnait pas cher de la peau de l'armée rouge. C'est ce qu'écrivait Ilya Ehrenbourg, qui aura joué un grand rôle dans la compréhension des Français par les Russes, militaires ou civils. Il écrivait:

Marcel Perrin du Normandie Niemen 
et son mécano russe, Alex Petrovitch
"Il ne s'agit pas d’arithmétique, que signifie un groupe de pilotes, même des meilleurs et des plus hardis,dans un combat gigantesque où l'on s'affrontait par millions ? Il s'agit d'amitié, d'élan du cœur, qui sont plus chers au peuple que tous les discours et les déclarations. Il s'agit du sang versé sur la terre russes. Et la Russie n'oubliera jamais que les Français, pilote au Normandie, sont venus chez nous avant Stalingrad."
Et Novikov, maréchal de division pendant la guerre, d'ajouter ces paroles:
" La France n'oubliera jamais non plus que nous l'avons appréciée et reconnue avant Strasbourg, avant Paris, aux jours où beaucoup disaient:"La France est finie".
Les marques d'affection n'ont en effet cessé de croitre entre les Français et les Russes pendant les 3 ans de campagne. Et les marques de dissension n'ont jamais disparu entre Anglo-saxon et Français à commencer par le choix des avions de l'escadrille.
Un américain intrigué par le Yak-3
visite son cockpit en juin 1945
Apprenant que les Français ont choisi les appareils russes, l'ambassade américaine convoque Mirlesse en présence des Anglais pour dire qu'il était inconcevable de prendre des avions russes alors que les USA et l'Angleterre fournissaient l'URSS en avion. Mirlesse répondit qu'il leur fallait l'avion de la dernière chance. L'escadrille eut toujours les meilleurs modèles soviétiques entre ses mains, ce qui n'aurait pas été le cas pour les appareils occidentaux. De plus, les Russes ont fait un fantastique travail de modernisation de leur aviation pendant la guerre passant d'appareils périmés en 1940 aux meilleurs chasseurs fin 1944.

Pour montrer à quel point les Français étaient là pour libérer la France et témoignaient reconnaissance et gratitude envers les Soviétiques qui leur permirent de se battre, ils donnèrent fin 1943, toutes leurs primes reçues pour les avions qu'ils avaient abattus au Fonds de défense de l’État soviétique. Cela représentait 82000 roubles.

Les allemands au bout d'un moment avaient appris à se méfier des Français, et orgueilleusement on capta sur les ondes radios ennemis "Achtung Franzosen". Il se dit même que les Allemands recherchaient les cocardes sur le nez des appareils.


Autre petite anecdote, le commandant Tulasne, premier commandant du "Normandie" refusa d'aller dormir dans les isbi réservées aux pilotes à quelques kilomètres de la piste d'aviation. Il se fit un abris sous terre à 20 mètres de son avion où il passait la nuit. Ou encore Jeannel; lui, son parachute se déchira et il se brisa la colonne en touchant le sol, si mois plus tard il était de nouveau opérationnel pour faire pilote de liaison.

La France avait fait ce timbre en mémoire de l'amitié qui était née entre les pilotes français et les mécaniciens soviétiques. Les mécanos français n'étaient pas en nombre suffisant et avoir deux langues au sein des mécanos était problématique. De plus les mécanos français avaient beaucoup de mal à travailler par grand froid et dans les conditions qu'ils avaient. Tous les mécanos devinrent donc des russes. Ce timbre rappelle notamment le refus de De Seynes de sauter en parachute lors d'un vol de liaison. Son avion eut un problème mais son mécanicien était dans le compartiment bagage. Sauter en parachute revenait à condamner le mécanicien. Il tenta par trois fois d’atterrir mais cracha son avion. Ils moururent tous les deux.
Puis au passage du fleuve Niemen, grâce à sa participation active dans les combats, Staline donne au Normandie le nom de Normandie-Niemen, cela montre bien l'acceptation et la reconnaissance de l'unité française.
Statue à Moscou, l'amitié franco-
 russe du Normandie-Niemen
La victoire faite, Staline offrit aux pilotes les avions qu'ils avaient admirablement piloté. 40 yak-3 vinrent donc se poser au Bourget sous l'acclamation de la foule. Ce que l'on en a fait par la suite laisse déjà quelques amères pensées puisque seul demeure aujourd'hui un yak-3. Le Régiment reçu des décorations soviétiques et des pilotes devinrent héros de l'Union Soviétique, des statues de timbres et encore aujourd'hui des cérémonie en honneur et à la mémoire du régiment ont lieu en Russie.

L'aventure du NN, unique et symbolique donna lieu à de nombreuses visites entre la France et l'URSS même pendant la guerre froide  Elle construisit des amitiés, scellées dans le sang versé pour un objectif commun. Dans ce régiment pour les Français se trouvent des héros qui ont lutté pour la souveraineté de la France et qui ont pour le coup réellement fait don de leur personne. Ils ne sont même pas trop souvent oublié puisqu'ils ne sont même pas du tout appris ! Alors que les écrans ont diffusé pendant des décennies les aventures de Papy Boyington. Toscan du Plantier nous explique d'ailleurs pourquoi (A voir!). Non nous n'avons pas eu de série télévisée qui fait l'éloge de nos héros. Il a fallu que l'on s'identifie à des héros américains. 
 Et alors que nous oublions dans notre lavage de cerveau perpetuel, c'est en Russie que l'on fait des événement en l'honneur du régiment. En 1967 je crois, les dossier de l'écran avaient proposé une émission spéciale consacré au "Normandie-Niemen" avec des invités prestigieux et où le film homonyme coproduit avec des soviétiques était diffusé. On commença la soirée par ces quelques mots:
"Dans quelques semaines nous commémorerons le 25ème anniversaire de l'entrée en action de l'escadrille "Normandie" au sein de l'armée rouge contre les Allemands. C'est un événement historique dont l'importance ne vous échappe pas !"
Ici, le débat en deux parties (1 et 2), il en manque un morceau, d'ailleurs si quelqu'un le possède, je suis intéressé:


"Les Dossiers Normandie-Niemen" premiere partie par Chris-Cheval

et

"Les Dossiers Normandie-Niemen" deuxième partie par Chris-Cheval

Ici le film est visible ici également en deux parties (1 et 2 ):

Normandie Niemen  partie 1 par laurentnice
et

Normandie Niemen - partie 2 par laurentnice

Alors en cette année 2015 quand je vois que le président Hollande daigne ne pas se rendre à Moscou pour les célébrations de la victoire sur le nazisme alors que le président Poutine s'était prêté à la mascarade de l'anniversaire du débarquement de juin 1944, que De Gaulle n'a jamais voulu fêter et pour cause; quand on pense que pour représenter la France, il y aura Laurent Fabius, représentant surtout des néo-cons en France, celui qui est responsable d'un grand nombre de mort rien qu'en France, mais pas coupable hein! et qui croit pouvoir dire qui sur terre a le droit de vivre ou non, je suis estomaqué. Il est le pire représentant que la France pouvait avoir en ce jour de mémoire et ne vous inquiétez pas il aura eu ses consignes avant son voyage. Et tant il tremble et voit la Russie comme un ennemi, qu'il n'ira pas au défilé militaire. Ces mêmes militaires qui pourtant ont accueilli les Français il y a 73 ans leur donnant plus que ce qu'ils avaient. Le plus cynique dans cette pauvre histoire où la France occupée d’aujourd’hui suit l'occident qui pense isoler la Russie, c'est que c'est bien l'occident qui se retrouve en réalité de plus en plus isolé à la surface du monde. Alors quand je repense aux paroles du maréchal de division Novikov, je crains que la France malheureusement ait oublié son histoire et qu'il faille tout reprendre pour nos jeunes générations. Mais cela ne nous laisse pas le choix car sans faire ce travail de mémoire il est inutile de se poser cette question. Quand la France va-t-elle se réveiller ?

Gigi Houille



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire