dimanche 22 juin 2014

Chronique de la russophobie ordinaire


La fabrication occidentale de la russophobie ne fait pas dans la demi mesure: un article en exemple


Artëm Bidenko
J'ai voulu traduire cet article afin de montrer de quoi sont capables les prétendues élites fabriquées à la sauce occidentale. Ici, il s'agit du très vaillant Artëm Bidenko, diplomé de l'université de Kiev Mohyla (Nous reparlerons dans un prochain billet de cette université, ultra-occidentale et à l'avant garde des révolutions ukrainiennes).
Artëm est présenté comme pluri-disciplinaire et à son jeune age possède déjà un CV de serial winner.. On note science politique, expert en marketing et communications. Il a travaillé dans de nombreux think tanks en tant qu'expert des politiques domestiques. Depuis 2003 il est directeur de l'association des publicitaires d'Ukraine, où l'on trouve des amis comme McDonald ou Philip Morris. Depuis 2005 il possède plusieurs société de publicité. En 2007 il accède à la tête du group de consultants SA Political Communications. Il donne des cours en publicité et relations publiques. Il s'intéresse notamment à la publicité politiques, au neuromarketing, à l'image de marque et aux théories sur les prises de décision.

Objectifs de PoliticA
 
Artem est expert également pour PolitA, qui est «l' Institut pour la Démocratie et le Developpement » et qui rassemble nombre de personnalités identiques pro-occidentales comme le directeur de l'institut européen pour l'intégration et le développement Dmitro Vydrin ou Dmitro Potienkhi, expert en entraînement pour résistance non-violente qu'il a fourni à des activistes égyptiens et iraniens entre autre. Il sont tous présentés comme expert naturellement.

PolitiA a son programme de Young Leader en collaboration avec Batkivshina et l'EPP (European People's Party), qui participe à la formation de la nouvelle élite à pensée occidentale, ils ont aidé à créer le encore européiste syla liudi (force du peuple) par exemple. Et d'ailleurs dans les objectifs de PoliticA, on trouvera la volonté de dialogue entre ONG et État ainsi que la « promotion à l'intégration européenne ».
débats maidanistes avant la soit disant
 première manifestation spontanée
On trouve chez PolitA un article intitulé « discussions de Maidanistes » promouvant un « débat » qui aura lieu le 19 novembre 2013 soit 2 jours avant le premier appel à manifester de Nayyem.On comprend donc qu'ils sont impliqués dans la révolution colorée en préparation depuis des mois par les financements occidentaux. Ils se proposent évidemment de débattre afin d'avoir un regard critique sur la situation et de se forger sa propre opinion..
Le débat proposé est articulé autour des questions du modèle occidental pour l'Ukraine, ses idées, ses valeurs, son idéologie.. On y retrouve la rhétorique européiste selon laquelle l'Europe aurait des valeurs et une idéologie, cela même que l'on essaie de vendre dans les pays européens sans que les peuples y adhérent une seule seconde (cf taux d'abstention des élections européennes). Bref une carte de plus au crédit de la non-improvisation du conflit euromaidan et donc de la situation dramatique d'aujourd'hui.

Notre héros a aussi travaillé pour le Laboratoire pour les initiatives législatives, laboratoire qui opère entre autre avec l'institut allemand Konrad Adenauer. Le laboratoire a notamment permis la création d'un « réseau pour les jeunes politiciens, économistes, et élites de la société civile en encadrant l'école ukrainienne des études politiques ». Les partenaires du laboratoire sont tous les acteurs des déstabilisations de l'Ukraine que nous avons déjà rencontrés dans nombres d'articles ; à l'institut Adenauer, on y rajoutera entre autre le conseil de l'Europe, l'union européenne, l'ambassade des Pays Bas, l'ambassade des États-Unis, l'OSCE ou le encore et toujours USAID et la NED, auquel on rajoute nombre d'ONG également soutenues par ces même institutions comme l'institut d'étude politique, ou l'Opora ou encore l'UCIPR (centre indépendant ukrainien de recherche politique).

Voilà un petit condensé de volontés et forces occidentales et une idée des moyens mis en œuvre pour la fabrication de bons ukrainiens occidentaux. Et en parlant de bons ukrainiens occidentaux nous allons voir ici un spécimen des plus emblématique et la preuve que l'idéologie assénée à des résultats des plus éloquents.

Voici donc l'article qu'il publie dans l'encore pro-occidental Ukrainskaya Pravda. J'ai entrecoupé l'article de remarque personnelle en bleu, même si cela ne se fait pas et coupe quelques fois le sens d'un paragraphe à l'autre, il est alors conseillé lorsque mes remarques sont longues, de relire le paragraphe précédent avant de continuer l'article.


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Ce scélérat de Pukin

La Russie a toujours guerroyé - même lorsque l'on pensait qu'elle pourrait s'en passer. Dans un rare moment de paix dans le monde, le russe-soviétique continua à se battre pour la récolte, pour le rendement, contre les koulaks, les personnes à charge, les espions, les pindoss (argot), les Ukrainiens (en argot), les caucasiens (argot).
Les Américains écoutaient du jazz, les Allemands faisaient des films, les Finlandais faisaient du sports. Mais les Russes à ce moment là étaient engagés dans les pogroms et les troupes d'invasions.


Grosso-modo, pendant que les autres faisaient des trucs cool, les Russes faisaient des Pogroms, heu.. là je sais même pas quoi dire en commentaire...le gars est un expert..

Les manifestations violentes de la xénophobie existent partout, mais dans tous les pays développés aujourd'hui, c'est plutôt l'exception - une dérogation à la règle générale. En Russie, il y avait une caractéristique spécifique de mentalité - à blâmer les étrangers de tous leurs échecs et résoudre tous leurs problèmes en détruisant ce nouvel ennemi.

En gros, la xénophobie fait partie d'une caractéristique spécifique de la mentalité russe..on s'attaque ici à la mentalité russe dans son ensemble, c'est pas du tout xénophobe comme attitude ça ..

Le "Pogrom" comme une sorte d'auto-perception dans le monde - est l'essence du peuple russe, son positionnement et sa mise en œuvre. Le Pogrom définit autant l'existence que l'essence.



Chez les Russes, le pogrom définit autant l'existence que l'essence !! là ça vole trop haut pour moi, je devine peut-être une sorte de slogan genre, sans russe pas de pogroms et sans pogrom pas de russes.. désolé j'ai décroché, promis je me rattrape plus bas ..

Les dissidents en Russie ont toujours été quelques intellectuels qui s'opposaient à la société de « Charikov ». Une vaste zone de 140 millions de « Charikov » et quelques centaines de milliers de gens normaux - voici une brève description de la Russie d'aujourd'hui.


"Charikov" vient de l’œuvre de Boulgakov, Coeur de chien, où un médecin implante, au début de l'ère soviétique, à un chien nommé Charik les testicules et l'hypophyse d'un humain ivrogne et méchant. Le chien devient peu à peu humain,petit, ivrogne et méchant. Il prend le parti des bolchéviques, alors que le médecin ne les aime pas du tout, et commence à guider des comités. Sans aller plus loin dans l'étude de l’œuvre et de la vie de Boulgakov, ici l'auteur de l'article compare tous les habitants de la Russie (les 140 millions d'aujourd'hui) à ce chien recevant la parole et se définissant pro-bolchévique.Ceux qui ne sont pas comme cela sont des exceptions, nous dit Artëm, des gens normaux, quelques milliers. C'est exactement en accord avec le nationalisme que nos journaux disent être mineur en Ukraine.. L'auteur de l'article ne fait pas parti de pravy sektor, il est dans la machine occidentale classique et il s'assied allégrement sur 140 millions de Russes..


C'est un péché de l'appeler esprit impérial. De nombreux empires - romain, Napoléon, Alexandre le Grand, les colonialistes britanniques - se distinguaient par la tolérance et l'attitude générale à l'égard du développement.

Les Religions et langues étrangères ont évolué librement, le contribuable se plaisait en métropole indépendamment de la couleur de sa peau. Tous les grands généraux ont participé à l'amélioration du monde - le droit romain, la logistique de transport, les connaissances et la technologie.

Même les tyrans sanguinaires Hitler et Staline étaient guidés par des motivations sincères et une idéologie industrielle claire soumis à un résultat quantitatif: la haine et le mal sont des outils pour imposer leur propre vision du monde dans lequel les colonnes de soldats étaient belles, les camps de concentration harmonieux et l'esprit léger.

Vladimir Poutine, comparé à ces généraux, semble un triste cancre avec un globe dans les mains de la Fédération de Russie. Pas de véritable idéologie, le pays est en train de s'effondrer, il n'y a rien à donner au monde - même d'un point de vue philosophique.

Dans la Russie d'aujourd'hui - la grossesse imaginaire: le ventre est rond, tout en attendant « un petit animal inconnu », mais en réalité, ce sera le prochain
pschitt, comme au 19ème siècle. Là, aussi, ils avaient aboli l'esclavage, créé la gendarmerie, commencé à construire les écoles - comme tout le monde.

Mais alors qu'à cette époque en Europe, ils ont inventé et lancé les locomotives dans l'espace public, les voitures et les avions, et en Russie aussi ils ont beaucoup inventé, mais ils n'ont produit que la vodka.

Une autre parenthèse pour le "petit animal inconnu", ceci vient d'une œuvre de Pouchkine, "le conte du Tsar Saltan" où la tsarine enceinte va accoucher, et on annonce au tsar que ce n'est "ni un garçon ni une fille,.. mais un petit animal inconnu". Même si cela aujourd'hui peut-être utiliser comme ironie au sujet d'une créature étrange, notons que dans l’œuvre de Pouchkine, il s'agit d'un mensonge perpétré par les sœurs jalouses qui n'aimaient pas la Tsarine, mais que l'enfant, un garçon tout à fait normal devient tout de même Tsar d'un autre royaume imaginaire.

Très triste image ici et maintenant, en particulier pour l'Ukraine. Mais à l'échelle mondiale - c'est juste un empire perdu qui essaie de se prouver que le monde l'écoute, et que ce qui nous attend dans le futur, c'est une ère russe.

Pendant ce temps, le monde se moque profondément de la Russie, les brevets du monde pour les voitures électriques sont dans le libre accès. Donc la Russie l'a profondément dans le .... avec son orthodoxie, sa nationalité et sa sincérité.


Les trois petits points pour "cul", et le sous entendu de la phrase est que la Russie est arriérée.

Les Russes sont pitoyables, c'est que pendant des siècles leur haine les a uni contre les autres peuples. Une fois qu'il n'y a plus personne à haïr, la situation politique formée temporairement, ils commencent à se haïr entre eux.

À cet égard, la Russie est un enfer karmique : celui qui se conduit mal dans la vie, renaît à Nizhny Tagil. Et c'est mieux s'il renaît en animal, alors qu'il peut renaître comme un Russe ou une Russe.

L'auteur fait allusion ici aux disparition d'enfant à NizhnyTagil où sévissait un gang de prostitution d'enfant et où des dizaines de corps violentés ont été trouvés et des centaines de disparitions restent inexpliquées...

Vladimir Poutine, tout comme Tony Montana, le protagoniste du film "Scarface", a décidé que le monde lui appartient - juste parce qu'ici et maintenant, il est en mesure d'influer sur le sort de beaucoup de gens.

World is mine - Il crie au téléphone à Merkel, il hurle dans l'oreille d'Obama , il marmonne dans le dos de Porochenko.

Poutine, comme baron de la drogue
cinématographique – mais seulement un nomade, dépourvu d'expérience historique et de sens ethnique.

Il sauta sur son cheval, saisit sa crinière et galopa de toutes ses forces – sans remarquer que les sabots s'enfoncent dans le sable, et que la croupe est ensanglantée. Il semble que le public applaudit debout, mais ce sont justes des statues en terre cuite qui essayent de rappeler de milliers d'histoires similaires. En vain.

Chaque grand tyran était grand à quelque chose, et chacun a essayé de surpasser le précédent.

L'artilleur Napoléon admirait le Cavalier Alexandre le Grand. Hitler et Staline valsaient entre des mortiers et des chars. Seulement Poutine n'est qu'entouré d'obséquieux Kadyrov, Ianoukovitch, le fou Jirinovski et Narychkine.

Même pour nous, il semble un impitoyable roitelet mongol, qui a trouvé un missile nucléaire dans les steppes, collé les adultes contre le mur et dit – je vais t'y faire gouter !!

Les adultes sont effrayés évidemment: quoi faire avec un imbécile - et s'il appuie sur le bouton ? C'est pour cela la volonté de rapidement le mettre sur le poêle  – et que là il fasse ses bêtises et qu'il pense à son éternelle idée mélancolique de l'ordre mondial injuste et de la conspiration du capitalisme.


le mettre sur le poêle = l'envoyer se reposer

Tout finira bien. Cependant, ça peut prendre plusieurs siècles, et dans la prochaine présentation de l'histoire russe, se glissera une erreur fâcheuse - une confusion sur les année 2000 de la domination russe qui remonte à un certain Pukin – scélérat et bon à rien dans le monde. 

Pukin = la fusion des mots Putin et péteux


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Voilà donc un article qui n'est pas une analyse politique, à peine un mauvais brulot tant il reste vague ni argumentée, ni sourcée et rien que de la subjectivité faite par un soit-disant expert qui sévit dans nombre d'organisations soutenues par l'occident.. C'est un article empreint dans chacune de ses phrases d'une xénophobie, d'un racisme, d'un fascisme, en gros d'un nationalisme extrême, d'une haine pure et simple. Je rappelle que cette personne est sensée être dans le camp des démocrates, des progressistes, des amis de la liberté; il ne fait pas parti de Pravy sektor ou de Svoboda (qu'on nous dit quasi inexistant en tant qu'extrême droite ukrainienne). Cela montre que le nationalisme et la russophobie ne s'enferme pas dans le seul svoboda dont les "démocrates" se félicitent qu'il n'a fait qu'un faible pourcentage au simulacre d’élections présidentielle du 25 mai. Non l'idéologie d'extrême droite avec la haine de tout un pays, par exemple en qualifiant de Charikov 140 millions de personnes, et bien cela ne représentent pas une infime minorité cagoulée et faisant des saluts nazis à tour de bras mais regroupe aussi cette nouvelle élite de serial winner tout droit sortie de la manufacture à démocratie occidentale.
Voilà de quoi est capable la nouvelle garde de la politique en Ukraine, où il devient normal d'insulter l'intégralité des 140 millions d'habitants, et ce, à plusieurs reprises. Voilà le résultat de la fabrication à coup de milliards occidentaux de façonnage d'esprit malléable où certes une graine préexistait  mais était en compétition avec la graine de la compréhension, celle de la tolérance, ou encore celle de l'intérêt commun... Et comme ne grandit que ce que l'on nourrit...et comme l'eau qui a arrosé cette graine a été mis en bouteille à l'ouest, ainsi que la main qui a tenu l'arrosoir...et le fruit est une russophobie exacerbée, une absence d'analyse, un premier degré bête et méchant.
 Comme on sait qu'une partie non négligeable de la population ukrainienne ne pourra jamais penser de cette manière, il devient évident que cet article n'a qu'un but, propager un esprit belliqueux contre les habitants de l'est du pays et au contraire d'une tentative d'union nationale, il s'agit de tenter d'agrandir le schisme ukrainien et là surement que l'intérêt de l'auteur pour le neuromarketing lui aura soufflé quelques phrases.


Gigi Houille



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